Rencontre sur rencontre [PV Ansatsu]

Tandis que l'animation semblait à son comble sur l'île de Naboubaboubama, il n'en était guère de même au large des côtes. Un petit vent doux soufflait, tandis que les flots semblaient se mouvoir calmement en raison du beau temps qui était présent à ce moment là. Quelques mouettes, ça et là, chantaient en volant dans le ciel azuré. Bref, tout était en place comme dans un décor de rêve. Et rien de tel ne pouvait faire d'avantage plaisir à Makoro dans ses bons jours, comme il était à cet instant.

Une barque flottait à la surface de l'eau bleutée, avec à son bord un homme qui ramait tout en chantant à tue-tête, tout en faisant des mouvements des épaules et de la tête en se mouvant de droite à gauche au rythme des mouvements de pagaye. Il chantait faux mais il s'en moquait, car tout allait pour le mieux. Bref, c'était la fête à bord quoi. Et rien ne semblait vraiment pouvoir changer cet état d'esprit.

Makoro porta son regard vers sa destination, l'île dont il ne parvenait pas à prononcer le nom sans devoir s'y reprendre à quinze fois. Mais il s'en moquait. Même s'il s'agissait de sa première mission au sein de l'Ansatsu, dès qu'il avait appris que ça se déroulerait sur une île estivale, l'homme s'était empressé de récupérer une tenue en conséquence, si bien que ce jour là, le fou était vêtu d'une chemise à fleurs, d'un short, et d'une paire de lunettes de soleil à quoi venait s'ajouter des tongues et un chapeau rappelant les boléro des Mexicains. Autant dire qu'il arrivait comme un touriste dans sa barque faite main – si si, je vous jure, il n'y a qu'à demander à la personne à qui il l'a volé – avec son accoutrement estival.

♫ Aujourd'hui est mon premier boulôôôôôt, je suis content parce qu'il fait beauuuuuuuuuu ♫

Quel fêtard n'est-ce pas? Quoi qu'il en soit, Makoro avait la pêche à ce moment là. Il se rapprochait petit à petit de l'île, sans se soucier de ce qu'il pourrait y trouver. C'était son premier jour de travail, et c'était tout ce qui comptait. il allait devoir assurer pour prouver qu'il avait pas atterrir là-bas par hasard. Enfin bon, c'est vrai, il était arrivé là-bas par hasard, parce qu'il avait rencontré Malak par hasard. Bref, le hasard fait parfois bien les choses, comme on dit. En tout cas, l'important, ce n'était finalement pas la manière dont il était arrivé à ce stade, mais le fait que ça se soit produit. Comme disait sa maman, le destin fait parfois bien les choses. Mais je m'égare.

♫ Même si j'ai volé c' bateauuuu après tout qu'est ce qu'on s'en fouuuut ♫

♫ Il fait beau et il fait chauuuuud tandis que j'vais r'voir Ansatsuuuuuuuuuu ♫

Vraiment heureux. hum. Oui donc, comme je le disais plus tôt, Makoro approchait petit à petit de l'île au nom imprononçable jusqu'à ce que sa barque ne heurte délicatement le rivage. Aussitôt arrivé, l'homme descendit de son navire et marcha sur le sable fin avant de finalement arriver devant une ville plutôt bordélique. Non, en fait, selon son avis, c'était plutôt un champ de bataille. Tout autour de lui s'étendaient des corps à perte de vue, certains décapités, d'autres abattus à l'aide d'objets en tous genres, ou tout simplement à mains nues. Par ailleurs, les combats faisaient toujours rage.

" Je me demande bien ce qui a provoqué cette dispute. " , s'interrogea le fou à voix haute, passant une main sous son chapeau pour se gratter le crâne.

Soudain, un individu fut projeté sur Makoro qui ne le vit pas arriver et alla s'écrouler vers un tas de caisses qui se renversèrent sur lui, l'enterrant immédiatement. Des rires s'élevèrent tandis que deux hommes commençaient à se réunir pour que l'un offre du feu à l'autre qui tentait d'allumer une cigarette. Un bruit soudain attira l'attention des deux individus qui n'eurent que le temps de tourner la tête dans la direction d'où provenait le bruit avant d'être percutés par Makoro qui les plaqua au sol en les chargeant à grands renforts de hurlements. Bref, sa folie meurtrière avait repris le dessus à cause de cet indicent et de cette atmosphère nuisible. Il chevaucha le plus proche et commença à le ruer de coups de poings, ne prêtant pas attention aux gerbes de sang de sa victime et aux cris qui provenaient aussi bien de son punching-ball, sous la douleur, que de l'ami de sa victime qui tentait de pousser Makoro, en vain. Ce ne fut que lorsque celui qui était rué de coups ne fit plus le moindre bruit que le fou reprit conscience, se leva précipitamment, regarda ses vêtements pleins de sang... et retomba dans un état de fureur avant de tabasser le second.

" Tout ça c'est votre faute ! Vous savez combien de temps 'jai mis avant de trouver cette chemise? Hein ?!? Tu sais pas, hein ?!? Bordel ! "

Une fois l'homme mort, Makoro se releva et commença à déambuler dans la ville, sans trop savoir où il allait, le visage inexpressif...

Après avoir boxé les quelques fauteurs de troubles qui avaient saccagé ses magnifiques vêtements achetés pour l'occasion – bon d'accord, sans payer, mais ce n'est qu'un détail après tout... non? - Makoro avait commencé à errer comme un zombie, le regard dans le vague, à travers les rues dépravées de ce lieu de paradis transformé en enfer à cause de ces stupides pirates qui ne trouvaient rien de mieux à faire que de se taper dessus. Bon, c'est vrai que le fou aussi s'était mêlé à la bagarre, mais n'avait-il pas des circonstances atténuantes? Sans aucun doute. Dégrader le bien d'autrui, volé ou pas, ça restait un crime qui se devait d'être puni sévèrement. Et personne ne pouvait déroger à cette règle. Qu'auraient fait ces idiots de pirates si ça avait été leurs fringues qui avaient été abîmés? Hum... non, mauvais exemple. De toute façon, ils étaient habillés comme des ploucs, donc ça serait plutôt passé comme un service rendu à autrui. Enfin bref.

Quoi qu'il en soit, comme je le disais plus tôt, Makoro déambulait dans la ville, ignorant les combats qui faisaient encore rage autour de lui, tout en marmonnant des paroles incompréhensibles. En fait, quiconque aurait été assez dingue pour s'approcher et tendre une oreille attentive se serait rendu compte qu'il s'agissait tout simplement d'une chanson. Le siphonné du ciboulot marmonnait les paroles de la chanson qu'il entonnait dans sa barque, durant les quelques minutes précédant son arrivée. Finalement, c'était comme jouer une pièce de théâtre sans les accessoires – décors, costumes, maquillage... - : ça manquait de saveur. Aussi décida-t-il de mettre un terme à cette mélodie.

" C'est comme manger un sandwich sans rien d'autre que du pain. C'est fade. Mais dès qu'on ajoute un peu d'accompagnement, ça devient goûteux. " , dit-il pour accentuer sa pensée philosophique.

Une fois qu'il fut arrivé au terme de sa brillante réflexion, le renégat bailla bruyamment tout en s'étirant à s'en briser la colonne. Mais bon, avec un peu d'entraînement, ça devient simple comme tout. La preuve, puisqu'une fois son petit exercice accompli, Makoro se sentit revigoré. Ceci fait, il se remit en route sans but précis, marchant encore une fois comme un vrai zombie – mais un zombie en forme, s'il vous plaît ! - , jusqu'à ce qu'une silhouette se dessine non loin de lui.

Au début, le fou se contenta de s'arrêter, détaillant l'inconnu, le regard toujours endormi et dégoûté de ce que la vie lui infligeait – surtout ces foutus pirates et leurs manies de s'en prendre à ses fringues. Mais merde quoi, il les adorait ces fringues ! Z'auraient pu faire gaffe quoi ! - , quand soudain, il reconnut son vis-à-vis. Son visage passa en trois secondes – chrono en main. Si Si. - de son état psychotique à l'incrédulité, pour enfin arriver à la joie qu'aurait éprouvé un gamin devant ses cadeaux de Noël. Ses propos suivants furent particulièrement discrets, à un tel point que nul ne risquait de l'entendre les prononcer...

" MAAALAAAAAAAAAAAAAAAAAAAK ! " , hurla-t-il comme un dératé, en courant de travers, manquant de se rétamer à chaque pas.

Finalement, alors qu'on aurait imaginer la musique à l'eau de rose en fond et la scène se terminant par le taré se jetant dans les bras du nouvel arrivant, Makoro s'arrêta à une distance respectable de son collègue. Bon, d'accord, c'est vrai que l'idée lui avait traversé l'esprit. Mais vu qu'il n'y avait pas de musique, tout tombait à l'eau. Dommage. Enfin, quoi qu'il en soit, le névrosé assaillit son compagnon d'Ansatsu de questions – Comment ça va? T'es là depuis longtemps? T'as vu ce que ces foutus pirates ont fait à mes belles fringues? Au fait, qu'est ce que tu fous là? - puis écouta calmement les instructions que lui donna Malak au sujet du chemin à suivre pour rejoindre le groupe – enfin aussi calmement qu'il puisse le faire, c'est à dire en silence si l'on exclue les bruits de mordillements d'ongles, les reniflements d'excitation à l'idée de revoir une vieille connaissance pas si vieille que ça, et j'en passe.

Après cela, Malak s'enfonça dans le sol sous les yeux émerveillés de Makoro – Hey, tu fais ça comment? Tu m'apprendras, dis? - qui finit par se remettre en route de son côté. Il s'arrêta tout de même durant quelques moments, comme par exemple pour demander son chemin – cinq ou six fois - , mais son arrêt le plus particulier fut lorsqu'il aperçut un tonneau dans un coin. S'approchant curieusement, le fou retira le couvercle et se rendit compte que le baril était plein d'eau. Ayant soudain une idée, il se mit en équilibre au dessus du tonneau, prenant appui sur ses mains en s'accrochant aux bords du baril, puis plaça d'un seul coup ses bras le long de son corps, plongeant littéralement dans la cuve. Puis, se débattant comme un taré lorsqu'il comprit qu'il était coincé alors qu'il voulait simplement se rafraîchir les idées, Makoro se balançant en tous sens jusqu'à ce que le tonneau ne tombe sur le côté et se brise, libérant aussi bien les eaux que le psychopathe trempé jusqu'à la moelle. Ce dernier se releva et regarda ses vêtements avant de lever les bras en signe de triomphe tout en hurlant de joie.

" YOOOUUUHOUUU ! J'ai réussi, ça a marché ! Tout beau tout propre ! "

Puis, se rendant tout à coup que quelque chose clochait, Makoro s'arrêta dans son élan, puis haussa les épaules. Avec le soleil qui tapait fort, ses fringues sécheraient certainement très vite. Pas de quoi en faire tout un plat. Mais au moins, maintenant que ses vêtements étaient de nouveau présentables, sa bonne humeur était évidemment revenue en trombe, si bien qu'il reprit sa chanson à tue-tête, tout en gambadant par sautillements joyeux.

♪ Même si ces maudits pirates ont tâché mes fringues de sang ♪
♪ J'leur ai collé quelques patates, et maintenant je suis content ♪
♪ Mais comment j'pourrais être heureux si mes vêtements ne sont plus beaux ♪
♪ La raison est toute simple mon vieux : j'les ai lavé dans un tonneau ♪
♪ Mait'nant c'est au Soleil d'bosser pour faire sécher mes habits neufs ♪
♪ Après ça j'pourrai m'pavaner parc' que je s'rai fier comme un boeuf ♪
♪ J'aaaarrriiiiveuh compagnooooooons ♪
♪ Tout en chantaaaant ma belle chansoooon ♪

Enfin bref, il se répétait cette chansonnette en boucle, une expression radieuse sur le visage, tout en gambadant dans les rues au milieu des pirates qui se cognaient, puis s'arrêtaient soudain pour voir passer cet ahuri avant de se regarder d'un air surpris et de recommencer la baston. Makoro quant à lui ne se souciait pas de se qui se passait autour de lui. Il était bien trop occupé à s'égosiller tout en surveillant attentivement l'évolution du processus qui visait à sécher ses vêtements. Finalement, il arriva au lieu que Malak – puis la dizaine de personne après lui... - lui avait indiqué. Entrant d'un pas lent, il aperçut le Boss qu'il salua d'un signe de main avec une petite réplique – salut Boss, la forme ? - avant de se tourner vers un autre membre qu'il ne connaissait pas, un blond à l'air diabolique qu'il salua également d'un simple signe de main avant de se présenter comme étant Makoro, " le p'tit nouveau au sein d'la bande ".